Eradiquer l’excision et retrouver le chemin du plaisir

juin 18 2012, Categorie: Actualités internationales
Retour sur un procès, en France

L'intégrité, la dignité des femmes et leur droit à l’autonomie de leur corps est encore aujourd’hui bafouée partout dans le monde, Au nom de la tradition, chaque année, trois millions de jeunes filles se font couper les organes génitaux par l'horrible pratique tribale connue sous le nom de mutilation génitale féminine (MGF). Cette mutilation consiste en une ablation totale ou partielle du clitoris, des petites et parfois des grandes lèvres à l'entrée du vagin, dans le but de retirer toute capacité au plaisir sexuel. Quelques 140 millions de femmes et de filles dans le monde vivent avec les conséquences des MGF.

Malgré une loi interdisant cette pratique, le crime d’excision perdure en France. Aussi, le procès qui s’est tenu récemment a retenu tout particulièrement l’attention de l’association Clitoraid, dont la mission est l’élimination de la pratique mais aussi l’aide pour la réparation.

Condamner…

Des parents comparaissaient devant les assises, pour l'excision de leurs quatre filles âgées de 11 à 20 ans. Des examens médicaux avaient en effet démontré que les quatre filles avaient été victimes d'excision.

Poursuivis pour "complicité de violence volontaire ayant entraîné une mutilation sur mineure de moins de 15 ans par ascendant », les parents encouraient 20 ans de réclusion. Le 1er juin 2011, ils ont finalement été condamnés à 5 ans de prison dont 3 ans avec sursis pour le père, et 4 ans dont 30 mois avec sursis pour la mère.

…Et réparer

Lors de l’audience, les parents ont déclaré regretter : de tels procès peuvent contribuer à dissuader les familles et exciseuses de pratiquer de tels crimes sexuels sur des jeunes filles ou de s’en rendre complices.

Lisiane Fricotté, juriste des Droits de l'Homme et bénévole de l'association Clitoraid, souligne que de manière absolue, personne n’a le droit de porter atteinte à l’intégrité physique d’un être humain et de s’approprier une partie du corps d’un enfant.

"Un pas de plus pourrait être franchi, lors de ces procès, avec une contribution financière, aussi symbolique soit-elle, de la part de ceux qui ont pratiqué - ou laissé pratiquer - ces actes barbares, pour aider les victimes qui le souhaitent à bénéficier d’une chirurgie pour réparer leur clitoris et retrouver le chemin du plaisir." conclut-elle.